L'institut Colbert, la façade rue de Gand

Les débuts de l'enseignement laïc et technique à Tourcoing (1882-1889)

La nécessité de former une main d'oeuvre qualifiée pousse le Ministère du commerce et de l'Industrie à adopter une loi en 1880 organisant un enseignement professionnel dans les écoles primaires. Le 4 octobre 1881, une école laïque de garçons à trois classes s’ouvre  au 10 de la rue de Gand. Puis le 9 août 1882, le Conseil municipal décide  de créer un cours complémentaire "technique" dans cette école : une salle au rez-de-chaussée est aménagée en atelier. La première promotion réunit 31 élèves, qui obtiennent le certificat d'études.

Le 26 avril 1886, une Ecole primaire supérieure est créée, avec trois nouvelles salles, d'ajustage, de menuiserie et de modelage. On achète de l’outillage dont “ un moteur à gaz de la force de 4 chevaux d’une valeur de 4000 francs". Cette école supérieure va accueillir 44 élèves en novembre 1887. 

La création de l'Institut Colbert

Le 15 novembre 1889, l'école primaire est baptisée Institut Colbert, avec inscription en lettres dorées sur le frontispice (en 1892). En 1906, une école pratique de commerce et d'industrie vient se greffer à l'école primaire supérieure. En 1914, l'Institut réunit en un même local, sous une même direction générale, plusieurs écoles distinctes ouvertes aux garçons et aux filles :

• un cours préparatoire, relevant de l’enseignement primaire,
• une école primaire supérieure (E.P.S) préparant au certificat d’études primaires, au Brevet Élémentaire, au Brevet Supérieur, à l'École Normale,
• une École pratique d’Industrie et une École Pratique de Commerce où les horaires élèves atteignent souvent 48 heures par semaine.

L'évolution de l'Institut Colbert

En 1922, sont mis en place une Ecole du textile, un Atelier de fonderie et un Internat.

Pendant la seconde guerre mondiale, un centre de formation professionnelle prépare au C.A.P. préparé pour la première fois pendant une scolarité normale dans l’enseignement technique et non obtenu à l’issue des cours professionnels liés à l’apprentissage.

En 1945, l’Institut Colbert devient “ Collège Technique Moderne ” avec un cycle d’études complet de la sixième à la terminale conservant toutefois un centre d’apprentissage et les cours professionnels. L’enseignement supérieur y fait d’ailleurs son entrée avec la création des classes de techniciens supérieurs.

Les bâtiments

D'importants travaux sont entrepris sur un terrain de 14 000m² qui s'étend de la rue de Gand à la rue du Printemps (actuelle rue Gabriel Péri). En 1922, les travaux d'extension sont confiés à l'architecte Georges Forest, auteur de plusieurs bâtiments à destination industrielle à Tourcoing.

La longue façade rue de Gand (103 mètres) est mise dans l'alignement de l'école des Beaux-Arts, selon les plans dressés en 1933 par l'architecte M. Sevin (conseil municipal du 22 décembre 1933). Les bâtiments comprennent au sous-sol des caves et une grande salle de tir, avec des vestiaires- douches; au rez-de-chaussée l'appartement du Directeur, l'administration, la conciergerie, salle de sport, l'internat avec les salles d'études. Au premier étage, la suite des appartements pour le personnel de direction, une infirmerie. Au second étage, les ateliers, le logement des surveillants; l'étage sous comble est doté d'une charpente en béton armé et abrite des ateliers. Un second bâtiment, parallèle à celui de la rue de Gand, à trois étages, est réservé aux ateliers, salles de cours et laboratoires. La façade rue du Printemps est remaniée et compte deux étages.

Les travaux, effectués par l'architecte tourquennois Georges Bonte, sont réceptionnés définitivement le 30 décembre 1953.

La façade rue de Gand est d'inspiration néo-flamande. Les matériaux utilisés sont la brique rouge de parement et la pierre. Le traitement du décor utilise le vocabulaire des XVIe et XVIIe siècle. Au rez-de-chaussée, deux grands arcs en anse de panier encadrent les deux portes d'entrée. Les deux niveaux supérieurs sont décorés de façon différente, composant "une grande page d'écriture à texture croisée, verticale par leur superposition et le traitement des pleins, horizontale par leur juxtaposition et le lien des chaînages" (B. Stock, Tourcoing centre-ville, p 166). Le troisième niveau formé d'un pignon à redents est percé d'oculi ovales et circulaires. Les culots du premier niveau, restés vides, devaient accueillir des statues personnifiant l'Industrie, le Commerce, le Travail les Sciences et les Lettres.

Une visite virtuelle des bâtiments est proposée sur le site internet du Lycée, consultable ici.

Sources

Bertrand Stock, L'Institut Colbert in Tourcoing centre-ville, Tome 1, ed. Inventaire Général des Monuments et Richesses historiques de la France, 1981, pp 163 à 168.

Site P@trimoine, consultable en ligne.

Site internet du Lycée Colbert, consultable ici.