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Assiette à dessert « D’Justin », Fin 19ème siècle, Porcelaine de Gien, Coll. C.H.L.

Au 19ème siècle, les marchands ambulants de gâteaux étaient nombreux à sillonner en ville. L’un d’entre eux est passé à la postérité à Tourcoing grâce à un poème de Jules Watteeuw composé en 1879. Il s’agit de « D’Justin » vendant ses couques à rogins, des petits pains aux raisins, le dimanche sur le parvis de l’église Saint-Christophe.

Vendeuse de hot-dog, Milieu 20ème siècle, Photographie de René Eblagon, Coll. C.H.L.

Le hot-dog, né aux Etats-Unis, est fait de l’assemblage d’une saucisse, sans doute importée au 19ème siècle par les immigrés allemands, et d’un pain brioché, remplacé en Europe par la baguette. Il peut être considéré comme le symbole international de la cuisine de rue.

Deux sous de frites, Carte postale d’après Léopold Simons, Éditions Planquart, Milieu 20ème siècle, Coll. C.H.L.

Une femme en tablier et un homme semblant revenir du travail s’empressent de déguster un cornet de frites acheté dans une roulotte visible au second plan. Cette nourriture de rue, très populaire dans les Flandres, est considérée comme un des symboles culinaires de la région.

La friterie Joëlle et Bernard à Mouscron, 2013, Photographie, Coll. C.H.L.

La friterie de Joëlle et Bernard, installée « en dur » en 1987, se situe à la frontière entre Tourcoing et Mouscron. Cette position géographique particulière attire une clientèle franco-belge. Habitués ou gens de passage ont le choix entre les classiques de la friterie - frites, fricadelles et viandelles – et le hamburger, autre incontournable de la restauration rapide.

Manger hors de chez soi
Nourritures de rue
La cuisine de rue

La cuisine de rue n’est pas un phénomène contemporain. Au 16ème siècle, Lippomano, ambassadeur de Venise à Paris, s’étonne devant ces Français qui mangent quatre à cinq fois par jour sans règle ni heure fixe. Les commerçants de rue offrent une nourriture en continu dans les rues de la capitale :

« Voulez-vous acheter de la viande, vous le pouvez à toute heure et en tous lieux. Voulez-vous votre provision toute prête, cuite ou crue, les rôtisseurs et les pâtissiers en moins d’une heure vous arrangent un dîner, un souper, des pâtés, des tourtes, des desserts. Cet art est si avancé à Paris qu’il y a des cabaretiers qui vous donnent à manger chez eux à tous les prix. »


Quatre siècles plus tard, l’offre semble toujours aussi importante et la tentation est à chaque coin de rue. La restauration rapide s’est adaptée à une clientèle pressée et à un public familial aux revenus souvent modestes, désireux de rompre avec le schéma traditionnel du restaurant.

Une institution chez les Nordistes : la baraque à frites

« el’baraque à frêtes, ch’est eun caravan’, qui fait des frêtes ! »

Dany Boon, 2007.

Le terme « baraque » vient du wallon « barak » et désigne une construction précaire ou une roulotte. Vers 1850, les premières baraques à frites s’installent en Belgique près des usines et à proximité des gares. Elles offrent aux travailleurs une restauration rapide et peu chère et suscite de nouvelles formes de sociabilité : on discute et on plaisante dans l’attente d’être servi. Dans le Nord, la plus ancienne mention d’une baraque à frites a été retrouvée à Roubaix en 1862, preuve qu’il existe pour les ouvriers une alternative à la gamelle ou au sachet de tartines. Les frites sont consommées seules, servies dans un cornet de papier journal.

La baraque à frites inaugure un lieu de consommation non conventionnel qui petit à petit gagne la classe moyenne et un public familial. L’abandon des bonnes manières de table et la dégustation avec les doigts participent du plaisir de la transgression à caractère exceptionnel et festif.

La baraque tend aujourd’hui à se rapprocher du fast food ordinaire. Les frites sont désormais accompagnées de poulet pané ou de fricadelle, une saucisse de viande hachée au contenu mal identifié. De multiples sauces aux noms plus ou moins exotiques les assaisonnent. Les sandwichs, hamburgers et autres snacks proposés par les baraques à frites sont emblématiques de la standardisation de la cuisine de rue.

La friterie autrefois mobile tend également à se sédentariser. Les pouvoirs publics en France comme en Belgique poussent à la création de baraques en « dur ». On compte aujourd’hui 300 baraques dans le Nord-Pas-de-Calais contre 8000 déclarées en préfecture en 1910.