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Ensemble de moulins à café, 1840-1920, Métal et bois, Coll. C.H.L.

Le moulin cubique à usage domestique équipe tous les foyers dans la seconde moitié du 19ème siècle. Les modèles à bol ouvert sont de type « flamand ». Les moulins en tôle et en bois surnommés le « Modèle ordinaire », sont mis au point par l’entreprise Peugeot à partir de 1840 puis largement copiés. La firme lance le moulin mural en 1920.

Ensemble de cafetières, Fin 19ème siècle - début 20ème siècle, Métal, Coll. C.H.L.

Les cafetières se déclinent ici en divers matériaux selon les modes et les évolutions techniques : cuivre, tôle émaillée ou non, aluminium, inox. On retrouve des cafetières du 19ème siècle que l’on posait directement sur le feu pour faire bouillir l’eau mélangée au café, ainsi que des cafetières plus récentes à pression de vapeur dite « cafetière italienne », à filtre et à piston.

Le café, 1920, Huile sur toile d’Alfred Desplanques, Coll. C.H.L.

Dans un intérieur populaire, une femme boit son café dans un service composé d’une tasse et d’un sucrier dont le décor bleu et blanc s’inspire de la porcelaine de Delft. Elle utilise une cafetière de type marabout avec laquelle le café est préparé « à la turque » : il est bouilli et servi dans le même récipient.

Marie Flagheac, Marie Devinaise et Mimi Devinaise prenant le café, 13 juillet 1937, Photographie, Coll. C.H.L.

Prendre le café est un prétexte pour se rassembler et partager un moment de sociabilité : cafetière, sucrier, tasses et pot à lait sont disposés avec soin sur un plateau en argent.

Que mange-t-on ?
Café

« Le moulin, le café, c’est important dans le Nord. Ma grand-mère avait son moulin à café contre le mur. Il a plus de 100 ans, je l’ai récupéré, j’ai trouvé qu’il était beau et celui-ci en bois c’est celui de ma mère. Elle mettait ça entre les genoux et … [imitation du geste pour actionner le moulin à café] ».

Dorothée, 66 ans, retraitée.

Moulins à café et cafetières marabouts ont aujourd’hui perdu leur valeur d’usage dans la plupart des foyers mais sont investis d’une charge affective forte. Héritages de famille et déclencheurs de souvenirs, ils font partie de notre patrimoine.

« Chez nous il n’y a pas de repas sans café. On ne fait pas le café en dosettes, on déteste cela, c’est encore la fameuse caf’tière d’ouvrier. Quand mon père partait au travail, pour remplir son thermos, c’était du café dans cette caf’tière-là. Ils ont du mal à s’en séparer, ils ne veulent pas en racheter une nouvelle, c’est traditionnel et puis c’est tout. »

Dalila, 24 ans, étudiante.

Une consommation quotidienne

A partir du 19ème siècle, en ville ou à la campagne, le café devient la boisson populaire par excellence. Elle accompagne les tartines du matin et du déjeuner ainsi que le repas du soir. En 1840, le docteur Villermé relate : « tous les ouvriers prennent à Lille chaque matin en se levant une et souvent deux tasses de café au lait presque sans sucre ». Le café est la boisson incontournable pour les ouvriers. Appréciée parce qu’elle trompe la faim, elle permet aussi de surmonter la fatigue et de se réchauffer le temps d’une courte pause.

« Quand eun’ séquoi nous désole. Quand l’malheur nous a giflé. Ch’est du café qui nous console. »

Alexandre Desrousseaux.

La cafetière devient un objet incontournable des intérieurs modestes dès 1850. Elle reste en permanence sur le feu et on n’hésite pas à repasser de l’eau sur le marc, quitte à ne disposer que d’un « berlot » tout clair ou du « picheloure ».

« Ma mère elle buvait à peu près une trentaine de tasses de café par jour. La cafetière était toujours sur le feu. On mettait du charbon, on plaçait sur le feu et hop, une petite tasse de café. Mais on faisait du café plus léger, dans une grande cafetière. »

Dorothée, 66 ans, retraitée.

Le café accompagne aussi le genièvre ou un autre digestif. C’est la « bistouille » ou « bistoule » qui consiste à boire un peu de café pour faire de la place dans la tasse dans laquelle on verse ensuite une petite goutte d’alcool.

La cérémonie du café : une affaire de femmes

La consommation du café donne lieu à une véritable cérémonie. C’est la femme qui prépare et qui moud les grains de telle sorte que le café moulu ne soit ni trop gros ni trop fin. Le robusta est privilégié à l’arabica qui est plus subtil mais beaucoup plus cher.

Dans L’Assommoir, lorsque Gervaise entend Coupeau se battre dans la cuisine avec le fourneau et la cafetière, « elle se tourne les sangs : ce n’était pas l’occupation d’un homme de faire du café et elle lui criait comment s’y prendre. » Emile Zola, 1876.

Lorsqu’il n’est pas avalé rapidement le matin ou à la pause sur le lieu de travail, le café est prétexte à l’invitation. Le service à café que l’on reçoit en cadeau de mariage ou que l’on choisit en fonction de sa finesse et de son décor, devient alors un objet de valorisation sociale, transmis de génération en génération. Dans toutes les couches de la société, le café est la boisson par excellence de la convivialité.