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Carreaux à thème marin, 18ème siècle, Manufacture de Rotterdam, Faïence peinte, Coll. C.H.L.

Dès le 17ème siècle, les murs des maisons flamandes sont décorés de carreaux de céramique bleus et blancs dans le style de Delft. Chaque pièce reçoit une iconographie appropriée, le thème marin étant généralement réservé à la cuisine. Au 19ème siècle, les architectes hygiénistes préconisent une généralisation des murs carrelés dans les cuisines pour faciliter le nettoyage.

La cuisine, 1938, Impression tirée de l’Enseignement ménager de Rudler et Saint-Paul, Coll. C.H.L.

Dans cette cuisine, on mise sur une organisation fonctionnelle : le placard garde-manger est situé sous la fenêtre, la table de travail est à proximité du fourneau équipé d’une hotte pour évacuer les buées. Les principaux accessoires de cuisine sont accrochés au mur tandis que les denrées indispensables – le sucre, le café, la farine – sont à portée de main. Le sol et les murs sont carrelés pour être nettoyés facilement.

La cuisine, Début 20ème siècle, Traité d’économie domestique par L. Mathieu, Coll. C.H.L.

Cette cuisine est un exemple de rationalité des années 1930. Tout est conçu pour que les déplacements soient réduits, comme ce « buffet de préparation » augmenté d’un plan de travail devant lequel la ménagère peut s’installer. Cette cuisine modèle, équipée d’un réfrigérateur ainsi que d’un appareil électrique polyvalent à la pointe de la nouveauté, ne concerne qu’un petit nombre de foyers privilégiés jusqu’aux années 1950.

Couverture du Traité d’économie domestique par L. Mathieu, Début 20ème siècle, Coll. C.H.L.

Au début du 20ème siècle, la sensibilité hygiéniste imprègne les mentalités. Elle sera poussée à l’extrême par les architectes rationalistes des années 1930 qui voudront faire de la cuisine un laboratoire, un lieu aseptisé où la ménagère serait une laborantine en blouse blanche.

Planche pédagogique « La cuisine », Vers 1960, Impression sur papier, Coll. C.H.L.

A partir des années 1960, la cuisine équipée est adoptée par toutes les classes sociales. Les premiers modèles sont novateurs car ils mettent en avant une rationalisation de l’espace. Un plan de travail continu recouvre les caissons de rangement. Cette disposition permet de garder la pièce nette et agréable pour la vie familiale.

La fabrique du repas
Une cuisine fonctionnelle
La cuisine est la pièce de la maison où les innovations ont été les plus importantes. De l’âtre à la cuisine équipée, cet espace s’est métamorphosé, façonné par de nouvelles idées sur l’hygiène, la fonctionnalité et la place de la femme dans la société.

De nouveaux impératifs fonctionnels

Jusqu’au 17ème siècle, la préparation du repas s’organise autour de l’âtre, qui dispense lumière, chauffage et chaleur pour cuisiner. Les ustensiles sont placés à portée de main : aux murs pendent les casseroles, sur les étagères se trouvent les pots, au pied de la cheminée le trousseau de pinces et de broches à rôtir. Le mobilier est principalement composé d’un vaisselier et d’un garde-manger. Un cellier ou une cave peuvent compléter le dispositif de conservation des aliments au frais.

L’arrivée des nouveaux réseaux d’énergie, l’électricité, le gaz, ainsi que l’installation de l’eau courante, bouleversent l’aménagement des intérieurs au 20ème siècle. C’est d’abord dans le logement social que la modernisation des cuisines se fait. La cuisine doit concilier surface réduite, hygiène et confort. Ainsi, les plans de travail sont unifiés, les ustensiles, autrefois en accès direct, sont rangés et cachés dans des placards pour libérer l’espace et faciliter le nettoyage.

La cuisine comme science domestique : le « Tout en ordre »

Après la Première Guerre Mondiale, la crise de la domesticité et le travail des femmes pose le problème de la gestion des tâches ménagères. Une véritable « science domestique » voit alors le jour mettant au point des méthodes présentées comme infaillibles pour gagner en efficacité et en temps.

Ce courant de rationalisation, influencé par le taylorisme, organise la cuisine pour un maximum d’efficacité et d’ergonomie. Les moindres opérations et gestes de la ménagère sont analysés et décortiqués. Les différentes tâches sont clairement définies et séparées : conserver, préparer et cuire les aliments.

Les fabricants répondent aux nouvelles attentes en proposant du mobilier fonctionnel et standardisé. L’organisation de la cuisine ne cesse de se perfectionner et celle-ci devient le lieu privilégié du progrès technique : frigidaire, néon, robot électrique.

La cuisine laboratoire remise en cause

La spécialisation de la cuisine comme lieu de la préparation des repas a donc finalement cantonné la femme dans un rôle de cuisinière.

Cet espace a aujourd’hui d’autres utilités. C’est une pièce à vivre à la fois fonctionnelle et conviviale, dans laquelle on se retrouve pour discuter, manger, et même recevoir.