Maison de poupées

Le contexte
De l’objet de prestige…
La maison de poupée n’a pas toujours été le jouet pour enfant que nous connaissons aujourd’hui. A partir du 16ème siècle, de riches familles, d’abord allemandes et hollandaises puis anglaises, font reproduire leurs maisons en modèle réduit par des artisans. Véritables objets de collection, ces miniatures ne servaient pas de jouer mais de faire-valoir affichant le statut social de leurs propriétaires. Elles étaient exposées au milieu du salon dans une vitrine, parfois présentées sur une estrade, hors de la portée des enfants.

…Au jouet éducatif
A la fin du 18ème siècle, les maisons de poupée font leur entrée dans les chambres des petites filles. La fabrication en série à partir du 19ème siècle rend accessible ce jouet à la bourgeoisie en Europe et Outre-Atlantique. A cette époque, les maisons de poupées n’étaient pas destinées à la seule distraction des enfants. Elles étaient un passe-temps pour les dames fortunées en même temps qu’elles permettaient d’éduquer les petites filles à l’art de la décoration et à la bonne tenue d’un intérieur. Elles préparaient ainsi les futures femmes à leur rôle dans la société, un rôle essentiellement circonscrit au foyer domestique.

L’objet
Un jouet à customiser
La maison de poupée conservée au Centre d’Histoire Locale a été aménagée par une mère et sa fille, Marie-Céline et Marcelle Dubar.
L’aménagement de cette maison était l’occasion de menus travaux pratiques, comme la confection des décors et des vêtements des poupées. Les objets étaient également achetés auprès des artisans ou des fabricants de jouet qui mirent à disposition de la clientèle aisée un vaste choix de miniatures. La décoration et les accessoires pouvaient être ainsi remplacés au gré des envies et des modes. Cette maison a d’ailleurs évolué au cours du 20ème siècle, certains éléments étant plus récents que d’autres.

Un jouet microcosme de la vie quotidienne
Cette maison de poupée comporte trois niveaux. Au rez-de-chaussée un vestibule d’entrée dessert les pièces consacrées au travail, le bureau et la cuisine, qui est le domaine réservé aux domestiques. Les pièces à vivre, la salle à manger ainsi que la salle de jeux se trouvent au premier étage et les chambres au deuxième. Des lampes suspendues au plafond, reliées à un réseau électrique, permettaient d’éclairer chaque pièce.
Bien que l’on observe une part d’idéalisation dans l’aménagement de cette maison, celle-ci n’en constitue pas moins un témoin historique de choix. La décoration et le mobilier reflète l’art de vivre des familles bourgeoises du début du 20ème siècle. La salle à manger et la chambre des propriétaires, richement décorées, sont les pièces maitresses de la maison. Elles sont agrémentées de papiers peints, de velours, de dorures, de tableaux et de meubles sculptés. Les espaces sont chargés de bibelots selon le goût de l’époque.

Le mobilier évoque différentes activités, telles que la cuisine, la couture, la lecture, la musique, les jeux, qui sont en accord avec une conception bourgeoise de la vie à la maison. Certaines pratiques plus intimes sont également représentées, à travers le broc à eau servant aux ablutions matinales ou les objets de piété religieuse par exemple.

Reflets de nos habitats réels ou imaginés, les maisons de poupée sont révélatrices de nos modes de vie. Elles intègrent les nouveautés et suivent les évolutions de nos sociétés. La dernière innovation marquante est une adaptation en jeu vidéo, « Sim’s », qui en prolonge le principe en démultipliant les possibilités d’inventer de nouvelles vies dans un espace virtuel.

Bibliographie
Des jouets et des hommes, catalogue d’exposition, Paris, Grand Palais, du 14 septembre 2011 au 23 janvier 2012, Editions de la Rmn-Grand Palais, Paris, 2011.