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Quatre enfants mangeant au jardin à Hem, 13 septembre 1942, Photographie, Coll. C.H.L.

Les manières de tables s’inculquent dès le plus jeune âge. Les enfants sont installés autour d’une table, une serviette nouée autour du cou, pour manger « comme les grands ».

Coin de table, 1904, Huile sur toile de P.-E. Chabas, Musée des Beaux-Arts de Tourcoing.

Le dîner bourgeois est un moment de sociabilité important qui permet à la famille de recevoir selon des mises en scènes codifiées : tenues vestimentaires, règles de bienséance, gestuelles. Ce repas est placé sous le signe du loisir et du faste. C’est l’occasion de déployer l'argenterie, le cristal, la porcelaine et le linge de table immaculé.

Scène de repas, Début 20ème siècle, Crayon sur papier de De Grave, Coll. C.H.L.

Cette scène évoque la pause repas d’hommes de condition modeste, peut-être des travailleurs ouvriers. Assiettes, verres sans pied, pain et bouteilles sont sur la table. Les personnages penchés sur leur assiette sont concentrés sur l’acte de manger. Dans les milieux populaires, on mange rapidement pour calmer la faim d’abord, mais aussi faute de disposer de temps suffisant entre deux services à l’usine.

À table !
Portraits de table
« Pas les coudes sur la table ! » « Tiens-toi droit ! » Combien de fois avons-nous entendu ces injonctions ? Toutes les familles se distinguent par certaines anecdotes ou habitudes particulières.

Le repas est un rituel social qui rassemble

Les manières de table renforcent le sentiment d’appartenance à un groupe. La transmission et l’assimilation des codes de bonnes conduites se font dès l’enfance, par l’exemple et par la pression familiale et sociale.

« Pendant qu’on mange, on m’a toujours appris qu’il ne faut pas parler, il faut bien se tenir à table. On ne peut pas faire 36 choses en même temps, quand on est à table, c’est pour manger. Faut respecter la nourriture qu’on a devant soi. Moi, j’ai toujours appris à mes enfants à respecter la nourriture, parce que tout le monde ne peut pas manger comme nous à notre faim. Faut surtout savoir terminer son assiette ».

Bouzid, 57 ans.

Entre la bourgeoisie et les classes populaires, on ne rencontre pas les mêmes pratiques de table au 19ème siècle. La manière de présenter et de consommer les plats est différente.

Le « franc-manger » populaire 

Dans les milieux populaires, on applique la règle du « franc-manger » : mettre tous les plats sur la table et faire place nette dans son assiette que l’on garde jusqu’au dessert… Le manger populaire a ses propres codes et ce n’est pas seulement par souci d’économie. L’important est de se sentir entre soi, sans faire de manières, dans un esprit de partage et de solidarité : c’est la petite cuillère que l’on se passe à tour de rôle pour mélanger le sucre au café, à la fin du repas.

Les manières bourgeoises ou la distinction sociale

Dans le monde bourgeois, les manières de tables sont caractérisées par le contrôle et la maîtrise des gestes. Ces règlements pointilleux apparaissent comme un instrument idéal pour structurer la famille et contribuer à l’ordre social.

Au 19ème siècle, le dîner bourgeois considéré comme le plus important est le « diner prié », qui est l’occasion de se montrer et d’affirmer son statut. Le protocole est rigoureux. Huit jours avant, les convives reçoivent un carton d’invitation. Le jour convenu, les hôtes sont accueillis dans le salon. Une fois le dîner prêt, le domestique annonce la formule consacrée : « Madame est servie ». Les invités pénètrent alors, selon leur rang, dans la salle à manger et sont placés par la maîtresse de maison autour de la table. Calquées sur le modèle aristocratique, les manières de tables bourgeoises sont établies pour se distinguer du commun.