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Les ouvrières de l’usine textile François Masurel Frères à Tourcoing, 1899, Photographie, Coll. C.H.L.

Dès le 19ème siècle, les femmes constituent une main d’œuvre recherchée dans les usines textiles. Payées moitié moins que les hommes, leur salaire est néanmoins vital pour de nombreuses familles. Les ouvrières s’éloignent alors de leur foyer, ce qui sera vivement critiqué. En travaillant à l’extérieur de leur domicile, elles sont accusées de mettre en péril le bien-être de la sphère familiale.

Les élèves d’une école ménagère, début 20ème siècle, Photographie, Coll. C.H.L.,

Les objets que tiennent ces élèves - ustensiles de cuisine, panier de course et poupon - ne laissent aucun doute quant au sujet de leur apprentissage. Depuis l’école primaire obligatoire instituée en 1882, des cours d’économie domestique sont dispensés aux filles afin de leur apprendre à tenir une maison. En parallèle, des écoles ménagères sont créées en direction des jeunes ouvrières pour délivrer des enseignements adaptés à leur mode de vie.

Cuisine d’une école ménagère, Milieu 20ème siècle, Photographie de H. Coutart, Coll. C.H.L.

L’école ménagère a pour but d’apporter une éducation domestique complète aux jeunes filles. Elles apprennent à tour de rôle à faire les courses, à connaître les prix des aliments, à préparer le repas, à coudre, à balayer… Les cours consistent à réaliser des exercices pratiques dans un environnement réaliste, ici une cuisine. Sur cette photographie, la présence d’une religieuse atteste de l’initiative privée de ce type d’école.

Coupure de presse pour l’école ménagère de Tourcoing, 1913, Impression sur papier, Coll. C.H.L.

Dès 1897, l’école ménagère de Tourcoing assure des cours du soir pour les ouvrières. Cet établissement, financé par des dames patronnesses, s’apparente à une œuvre de charité. Les enseignements sont donnés aux jeunes femmes afin de les aider dans leurs tâches quotidiennes, mais ils sont aussi un moyen de modeler les mœurs ouvrières sur les valeurs bourgeoises. En effet, les « bons dîners » sont censés retenir le mari chez lui, hors du café.

À table !
Un modèle à suivre
A la maison

Le repas familial façonné par la société bourgeoise devient la référence d’un vaste mouvement d’éducation domestique, qui se diffuse auprès de toutes les maîtresses de maison, y compris les ouvrières.

L’éducation domestique au secours du repas familial

Le modèle du repas où toute la famille se rassemble, adopté par la bourgeoisie au 19ème siècle, peine à s’imposer dans toutes les couches sociales. Il se heurte, en effet, à des contraintes matérielles. Dans les milieux urbains, le travail à l’usine remplace le travail à la maison et disperse les membres de la famille, hommes, femmes et enfants, occupés par des journées longues de 10 à 15h. Dans ces conditions, il est difficile de se réunir tous à table.

Du point de vue des classes bourgeoises, ne pas suivre le rite du repas familial, c’est aller à l’encontre des bonnes mœurs. La famille ouvrière apparaît ainsi fragilisée. Les femmes qui travaillent sont accusées de ne plus savoir tenir leur maison, privant les hommes et les enfants d’un foyer accueillant. Pour transmettre l’idéologie bourgeoise, de nombreux ouvrages sont édités et des écoles domestiques sont spécialement créées pour les jeunes filles et les ménagères à partir de 1860. Il s’agit de transformer les mœurs ouvrières en inculquant des valeurs d’ordre, d’hygiène et d’économie domestique.